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Enfants : lien entre hyperactivité & sucre

Dernière mise à jour : 21 nov. 2018

Trop de sucre ? Malbouffe, produits industriels, fast-food ? Face à la mondialisation des échanges et à l’apparition de nouveaux modes de consommation, une vigilance s’impose pour prévenir de nouveaux risques liés à cette alimentation. L’impact de ces évolutions est considérable : on estime à 35 % la part des cancers liés à la nutrition. Ces chiffres sont inacceptables et effrayant. Cet impact se manifeste également sous la forme de maladies cardiovasculaires, du vieillissement cérébral, du diabète, du surpoids et de l’obésité, mais aussi de troubles de l’humeur – dépression, burnout – et probablement de l’hyperactivité. On se concentre de plus en plus sur l’incidence du sucre sur le comportement. En effet, le système digestif et le système nerveux sont intimement liés. L’alimentation a donc un rôle clé dans le bon fonctionnement nerveux et peut parasiter celui-ci plus qu’on ne le pense. Nous allons nous intéresser plus particulièrement au lien entre le sucre et l’hyperactivité.


Le sucre rend-il les enfants hyperactifs ? Quelle est l’influence d’une alimentation sucrée sur le comportement des enfants ?
1. Approche générale

a) L’hyperactivité


Ces dernières années, le taux d’enfants hyperactifs augmente considérablement. Le TDHA (Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité) se traduit par un trouble de déficience d’attention (L’enfant a des difficultés à trier et hiérarchiser les nombreuses et diverses informations qui arrivent à son cerveau (bruits divers, animation, mouvement, émotions, etc.). Il a plus de mal que les autres à donner la priorité aux informations utiles à la tâche ou l’activité en cours.), d’hyperactivité (l’activité motrice est augmentée et désordonnée chez un enfant atteint de TDA/H par rapport aux enfants du même âge.

Par exemple : agitation permanente, nervosité, incapacité à tenir en place ou signes d’impatience.), et souvent 4 d’impulsivité (L’impulsivité caractérise l’enfant qui semble incapable de prendre un moment pour réfléchir avant d’agir. Il laisse échapper la réponse à une question qui n’est pas encore totalement formulée, ou interrompt les autres quand ils parlent, sans chercher nécessairement à importuner son entourage.)


L’enfant bouge sans cesse, accumule les étourderies, ne termine jamais ce qu’il a commencé… Contrairement aux préjugés courants, l’enfant hyperactif n’est pas qu’un petit agité, dont l’énergie débordante épuise les parents, c’est avant tout un enfant en souffrance.


Il existe différentes étiologies (causes) concernant l’hyperactivité : hérédité, facteurs psychosociaux, lésions ou dysfonctionnement cérébral mais aussi les allergies alimentaires.


On parle d’hypersensibilité ou d’allergie lorsque le corps réagit d’une manière exagérée à des quantités faibles ingérées. Dans certains cas, les enfants peuvent être allergiques à des produits naturels comme le lait, les céréales…


Il est très compliqué de dépister les allergies chez l’enfant. Ce sont l’allergologue et le diététicien, qui vont avec des tests cutanés ou avec un régime d’exclusion (c’est-à-dire, exclure totalement l’aliment susceptible de déclencher l’allergie, puis le rajouter progressivement et observer les réactions de l’enfant.) Lorsque l’hyperactivité est réellement la conséquence d’une hypersensibilité, un régime adapté donne des résultats positifs.


Les traitements proposés en général, sont des psychostimulants tels que la Ritaline ou la Dexédrine. Cependant, une approche plus pragmatique susceptible de ralentir les causes multiples du TDAH serait de meilleure augure. En effet, se méfier d'une quelconque allergie, d’une surconsommation de sucre, de mauvaises graisses, de ce que l’on mange et ce que l’on donne aux enfants ne serait pas un début de traitement ?


b) Le sucre dans l’alimentation


Adoré de tous, le sucre est à présent retrouvé partout : biberons, petits pots, jus de fruits, charcuterie… La plupart des aliments que l’on consomme renferment des hydrates de carbone, qui fournissent au corps de l’énergie, et des fibres, essentiels pour le fonctionnement de l’organisme.


Dans un premier temps, il est important de distinguer les sucres (glucides simples) et les amidons (glucides complexes). Les glucides complexes présents dans les aliments comme le pain, les céréales, les légumineuses, sont digérés dans l’intestin puis absorbés sous forme de glucose, qui va permettre de nous donner l’énergie essentielle pour notre cerveau et nos muscles.


Les glucides simples (sucres), ceux dont on s’intéresse plus particulièrement ici, sont, quant à eux, présents naturellement dans le sucre de table (saccharose), les produits laitiers (galactose et lactose), les fruits (fructose et glucose), les légumes, mais aussi ajoutés dans les produits de type miel, jus de fruit, sirop, gâteaux, céréales du petit déjeuner…


En réalité ils sont ajoutés dans beaucoup de produits transformés, industriels pour améliorer le goût, la texture, la conservation, et on ne s’en rend même pas compte : sirop de glucose fructose, édulcorant,… Il existe plus de 40 appellations différentes pour le sucre ajouté aux produits transformés : dextrose, fructose, saccharose, sirop de maïs, lactose, malt d’orge… Ces appellations permettent aux fabricants de disséminer davantage de sucre dans les aliments. C’est pourquoi, il est important de bien lire les étiquettes nutritionnelles sur les emballages des produits !


Bien que notre organisme et nos cellules utilisent le glucose comme source d’énergie pour fonctionner, il faut savoir varier les types de glucides, ainsi que ne pas abuser sur la consommation de sucre qui apporte calories, et qui aura, sur le long terme, un effet négatif 6 sur la santé. L’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) montre que la consommation de sucre, au-delà d’une certaine quantité, présente des effets directs sur la prise de poids, une augmentation de la triglycéridémie (taux de lipides dans le sang) et de l’uricémie (taux d’urée dans le sang), ainsi que des effets indirects sur le diabète de type 2 et certains cancers, maladies qui constituent actuellement des enjeux de santé publique majeurs.




2. Une consommation excessive de sucre entraîne t-elle l’hyperactivité chez l’enfant ?

a) Quels liens pourraient-ils y avoir entre le sucre et l’hyperactivité ?


Comme nous venons de le constater, le sucre impacte fortement notre santé en cas d’excès. Mais y-a-t-il un lien avec l’hyperactivité ? Souvent diabolisé par les parents, le sucre est mis en cause lorsque l’enfant devient plus agité que d’habitude. Les friandises, gâteaux, sodas et autres produits sucrés sont pointés du doigt depuis certaines années. Cependant, cet enthousiasme généré par les enfants peut s’expliquer autrement. Très souvent, il s’agirait de la façon dont tous ces produits sont donnés à l’enfant. Je m’explique : ces friandises sont souvent dégustées lors de fête (Halloween, anniversaire…), les enfants sont donc excités, et ce, qu’ils aient consommé des aliments plus sucrés ou non !


Un autre responsable de cet écart de conduite (qui n’est pas forcément de l’hyperactivité) est l’attitude des adultes envers les enfants lorsqu’il est question de sucre. Une étude a révélé que les parents ayant la certitude que leurs enfants étaient «sensibles au sucre» trouvaient que ces derniers étaient plus hyperactifs même à la suite de la consommation d’un placebo de sucre. L’étude a d’ailleurs démontré que les parents qui croient que le sucre a des effets négatifs sur le comportement de leurs enfants peuvent avoir une perception erronée du comportement de ces derniers lorsqu’ils en consomment.


Quand les enfants se nourrissent d’aliments ou de boissons sucrés, certains parents auraient même tendance à exercer un contrôle plus serré qu’à la normale sur leur enfant. Si l’adulte croit que l’enfant est excité après avoir consommé du sucre, l’enfant aura tendance à agir en conséquence de cette appréhension. En d’autres mots, il ne faut pas changer d’attitude, 7 lorsque vient le moment d’offrir un bonbon, ou un biscuit à un enfant. Notre comportement a une grande influence sur les tout-petits.


Des chercheurs ont montré comment le sucre influence le cerveau : en effet, quand le sucre est consommé en excès, le pancréas s’énerve et fournit trop d’insuline. Du coup le sang se trouve en carence de sucre, c’est l’hypoglycémie. Notre corps va essayer de stimuler les glandes surrénales pour remonter le taux de sucre ; ceci va produire des hormones dont l’adrénaline, qui vont exciter le cerveau. Mais comme le cerveau est en manque de sucre, il va produire du glutamate qui est un neurotransmetteur excitateur. Il en ressort une grande nervosité, parfois une anxiété, une colère… qui va donner une envie de reprendre du sucre ! Le cycle infernal de l’addiction se met en route…rendant les enfants hyperactifs et plus violents.


Actuellement, des recherches sont également menées sur l’impact de l’alimentation durant la gestation. En effet, ce que mange la femme enceinte pourrait avoir un impact sur la santé mentale des enfants in utéro. Les chercheurs ont constaté que les enfants plus à risque d’hyperactivité avaient été exposés in utero à un régime type « junk food », c’est-à-dire de consommation excessive de produits industriels, gras, sucré… causant une modification génétique et un mauvais développement de l’embryon.


Ne serait-ce donc pas les additifs, les produits industriels et transformés qui causeraient cette hyperactivité chez les enfants ?


b) Les additifs sur le banc des accusés


Les additifs alimentaires (souvent composés de sucres raffinés) sont définis comme «n’importe quelle substance habituellement non consommée comme un aliment en soi et non employée comme un ingrédient caractéristique de l’aliment, qu’il ait une valeur nutritionnelle ou non, dont l’addition intentionnelle à l’aliment pour un but technologique dans la fabrication».


On en retrouve à présent dans tous les aliments transformés, les produits industriels que l’on trouve en grand nombre dans nos supermarchés. Ces produits industriels sont dépourvus de minéraux et vitamines, essentiels pour de bon développement de l’enfant, et rempli d’additifs. Ils sont utilisés pour le rôle de conservateur, exhausteur de goût, d’émulsifiant… Cependant, sur le long terme, ceux-ci peuvent avoir des effets néfastes sur la santé. A l’heure actuelle, les enfants en consomment de plus en plus !

Dans les additifs, on retrouve en grand nombre les édulcorants : produit ou substance ayant un goût sucré, qui améliore le goût. Certains ne contiennent pas de calories, d’autres sont moins sucrés que le sucre de table. Ils ne sont pas cariogènes. Il en existe 2 types : intenses et de charge.


De nombreuses études ont tenté de confirmer les affirmations du DR. Ben Feinglod, dans les années 70, selon lesquelles un lien causal existe entre exposition à des additifs alimentaires de synthèse et le syndrome TDA/H. Il a proposé d’exclure les colorants artificiels, les arômes artificiels, certains agents de conservation, les édulcorants, et non PAS LE SUCRE ! Les aliments sucrés sont pointés du doigt, car ils contiennent nombreux additifs, colorants, etc… Mais rien n’a prouvé que le sucre en tant que tel ait des effets sur les enfants concernant l’hyperactivité, même si sa consommation reste à limiter.


Une étude de chercheurs de l’université de Southampton a été menée sur 150 enfants de 3 ans et 140 enfants de 8 à 9 ans. Les scientifiques ont donné quotidiennement un mélange de jus de fruits naturels aux enfants pendant six semaines. Certains enfants ont reçu des boissons sans colorants alimentaires, d’autres des boissons contenant un mélange d’additifs que l’on retrouve souvent dans les sucreries (colorants jaunes, conservateur alimentaire…) Le résultat en a conclu que les enfants ayant consommé le mélange de colorants Figure 2 : Les différents édulcorants de synthèse 9 alimentaires ont présenté davantage de symptômes d’hyperactivité, que ce soit chez les enfants de 3 ans ou 8-9 ans.


Récemment, d’autres chercheurs ont découvert que des colorants alimentaires comme la Tartrazine E102 et l’Amarante E123 (interdite aux États Unis et très réglementée en France) joueraient peut-être un rôle dans le syndrome d’hyperactivité. C’est pourquoi, concernant tous les additifs alimentaires, une DJA est désormais notifiée.


Conclusion

La nourriture influence t-elle les comportements ? Probablement. Mais tout est une question de prise de conscience, de dosage et d’habitude. Des études sur le lien entre l’alimentation et l’enfant sont en cours et de nombreuses pistes restent encore à explorer et à étudier. Finalement, l’alimentation est le pilier de la santé, tant pour nos enfants que pour nous-mêmes. Si un enfant n’est pas hyperactif, il sera probablement moins sensible à l’effet stimulant du sucre et autres additifs. Autrement dit, plus l’enfant mangera des aliments frais et cuisinés par vos soins, moins il aura de risques de surconsommer ce type de produits intoxicants. Il faut se renseigner au maximum sur les étiquettes alimentaires et sur ce que contiennent les produits ; ce serait déjà une bonne solution. De plus, les aliments bruts sont plus riches en vitamines et minéraux et apportent tout le nécessaire pour le bon fonctionnement de l’organisme de l’enfant.

Par contre, l’effet du sucre sur la santé en général et sur le risque d’obésité, de diabète, de maladies cardiovasculaires et autres n’en sera pas moins présent. Il s’agit vraiment de modifier nos façons de manger et de consommer davantage de produits « naturels ».

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